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Musique et internet : la France prête pour le grand seau

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Il paraît que ça va un peu mieux dans la musique, que les ventes en ligne sont en train de décoller, que le marché est mûr, que les Français aussi. D’une part, c’est peut-être un peu tôt pour dire ça. Et d’autre part, une nouvelle fois, lors du Midem de Cannes, on s’est rendu compte que la France était encore la bourre économiquement et culturellement. Et que le seul domaine dans lequel on est en avance, c’est la lutte contre le téléchargement illégal. Et encore à quel prix.

Ça donne quoi en chiffres ?

Aux USA, c’est Itunes qui détient 80% du marché du téléchargement. En France, sa part de marché est aux alentours de 40%. C’est ici qu’il y a le plus grand nombre de plateformes pour faire ses courses numériques. Et pourtant : quand là-bas les ventes numériques représentent 40% du marché et 27% dans le monde entier, chez nous, elles plafonnent à 15% selon le bilan 2009. Le marché dépend donc encore beaucoup trop des ventes de CD, même si les maisons de disques ont diversifié leurs sources de revenus dans des proportions qu’on ne mesure pas vraiment puisqu’on connaît les chiffres de vente de la musique enregistrée, mais pas le détail du chiffre d’affaire des majors. Dommage on pourrait y apprendre des choses sur les deals passés avec les marques, les prises de participation dans les sociétés de l’internet, ou les concerts privés… Reste que les indicateurs classiques de la vitalité du marché numérique sont encore peu encourageants.

Une absence de leaders…

Rares sont les innovateurs et artistes français invités à partager leurs expériences du numérique lors des différentes sessions du Midem. Ils sont plutôt américains, anglais, japonais, coréens… Cette année, on aurait dû voir Jonathan Benassaya pour parler streaming mais il n’est pas venu (on y reviendra plus tard, c’est un point important) et c’est un habitué des lieux. On a pu voir Albin Serviant de MXP4, la société de Gilles Babinet qui essaye de réfléchir au futur du mp3 ou encore on a noté la présence d’Ubisoft, pour parler de la musique des jeux vidéos. Mais sinon, les stars du Midem, ceux qui se bougent, ceux qui innovent, ceux qui partagent leurs expériences sont en grande majorité étrangers. Des innovations qui tirent les pratiquent vers le haut. Tout juste peut on citer cette année, un star-up française parmi les 15 les plus prometteuses présentées au Midem : Awdio qui diffuse des live en streaming. Et quelques autres présentes également à Cannes mais encore discrètes ou au modèle économique incertain comme Moozar dont la présence visible au Midem n’est pas sans rappeler l’épisode QTrax.

… et une absence de pratiques

Et c’est impressionnant de voir à quel point, certains sont dans le monde qui les entoure par leurs usages des nouvelles techniques. On peut prendre deux exemple : Jeffrey Hayzlett, chef du marketing chez Kodak qui est venu au Midem raconter comment sa petite entreprise a muté vers le tout numérique. A ce jour, ce type est suivi par près de 15 000 personnes sur Twitter et il a dépassé les 4000 tweets. Et il n’a pas hésité à twitter son Midem. Même constat pour Amanda Palmer, chanteuse des Dresden Dolls, qui s’est créé sa propre communauté de fans sur internet et donc sa propre audience, comme elle l’a expliqué. En plus d’être drôle et douée d’une personnalité accrocheuse, elle a une approche vraiment pertinente de ces nouveaux médias dans sa relation avec ses fans. Elle approche des 400 000 followers sur Twitter. On pourrait aussi vous citer les DJ et producteurs Hal Ritson des Youngpunx (800 followers) et Paul van Dyk (32 000 followers)…Les exemples sont nombreux. Les artistes français eux, les patrons de maison de disques, de labels… eux, ils vont aux NRJ Music Awards. Chacun son truc.

Une obsession législative “créatrice” de richesses

Le rapport international de l’IFPI met en avant la France pour la mise de sa réponse graduée pour lutter contre le téléchargement illégal. En gros, il faudrait faire comme nous et c’est pour cette approche du problème que nous sommes loués par nos voisins. Il paraît même que les bons chiffres du marché du disque au second trimestre 2009 pourraient être à attribuer à la future mise en place d’Hadopi. Quel optimisme. Déjà, il faut relativiser ces bons chiffres comme on l’a expliqué dans Slate. Ensuite, il faut remettre cette législation dans son contexte. En 2006, pour la DADVSI après un premier échec, le ministre Donnedieu de Vabres avait organisé une concertation qui avait débouché sur une loi inutile… hum. L’année suivante, les accords de l’Elysée avaient donné Hadopi dans un grand esprit de concertation… re-hum. Et voilà que la mission création et internet de 2009 nous donne une carte jeune « musique » mais surtout un très beau spectacle de fight-club entre l’Etat et l’industrie du disque… re-re-hum.

Le streaming explose dans le monde, Deezer va-t-il imploser en France ?

Il y a des paradoxes qui rendent fous. L’édition du Midem 2010 a mis en lumière la progression de l’écoute en streaming. Le chiffre d’affaires dégagé dans ce domaine a été mutiplié par 2,4 en 2009, selon les bilans fournis par l’industrie du disque. Avec le rachat de Lala par Apple, on sent que ce domaine est en train de devenir stratégique. Et pourtant, Deezer, le premier représentant français dans le streaming, vit des heures difficiles. Patron peut-être débarqué, volonté des actionnaires de vendre : les rumeurs les plus inquiétantes ont agité le Midem. Il serait dommage de laisser disparaître Deezer alors que ce moyen d’écoute va devenir de plus en plus important.

Bref, c’est clair. On est paré.

Photo : Amanda Palmer au Midem / Credits : © POOL 360 Medias – Image & Co / MIDEM 2010

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